mercredi 4 avril 2018

Regard de la Fenêtre

Haïti.- Opinion- Société
Créolité et Francophonie

Regard de la Fenêtre
Article publié sur Haiti Obs. du 4 avril 2018

DANY LAFERRIERE  Académicien d´origine haitiano-canadiène en representation pour la francophonie 

Quand les amoureux de nos langues nationales
n'hésitent pas à harmoniser en même temps:
le “Je vous aime” et le “m fou pou w”


Par Michelle Mevs


“La langue est ce qui construit notre pensée, notre conscience, notre rapport à l'autre.” dit Alain Bentolila et pour planter la “créolité” au coeur de notre avenir, il n'est pas besoin de sacrifier notre participation à la “francophonie.”

Vivre au jour le jour immergé dans le bilinguisme français ou créole en conformité avec la constitution haïtienne et en même temps virevolter dans un syncrétisme français-créole accouplé: telle est le panorama linguistique au pays.

Il serait impératif que les autorités prennent des décisions opportunes en ce qui concerne l'aménagement linguistique! Faudra un jour ou l´autre mettre un peu d'ordre dans tout cela parce qu´il est important d´assurer l'efficience dans la communication de même que rendre -justice à la majorité des haïtiens- vis à vis de l'éducation fondamentale (pour commencer); alors que des perspective de progrès sont en attente d'une mise en place de décisions sur les deux langues nationales.

Le linguiste Robert Berrouët-Oriol reprend sur son blog son article publié récemment au quotidien Le National du 2 mars 2018 souligne la “quasi inexistence de mobilisation citoyenne quant à l’aménagement du créole et du français en Haïti...!” deux plus, “...Dans le champ éducatif où le Ministère de l’Éducation ne dispose toujours pas, depuis la réforme Bernard de 1979, d’une politique linguistique éducative.”

Bien heureusement, la Constitution haïtienne de 1987 amendée nous accorde le bénéfice de deux langues partagées à part égal en son “Article 5: Tous les Haïtiens sont unis par une Langue commune : – Le Créole et le Français sont les langues officielles de la République.” C´est dire qu´elles plongent la population dans un état que je qualifie de “bipolaire”.

Les enjeux et les opportunités que présentent ces deux langues sont patentes: Si le créole est nécessaire à la compréhension et à l'efficacité dans l'apprentissage, à rendre justice en fournissant des outils d'émancipation égalitaire aux populations du pays; le français lui, a le don d'ouverture à l'international:

Caroline Hudicourt professeur à l´Université Quisqueya portait depuis 2006 une précision sur la “problématique du créole à l'école” soulignait que le créole ce n'est pas rien: “ D’autres disent que le créole n’est parlé que par un nombre réduit de personnes, alors qu’en fait le créole est parmi les langues les plus parlées du monde. ...La Linguasphere Observatory divise les langues en deux catégories les macro langues qui sont parlée par plus de 10 millions de personnes et les micros langues parlées par moins de 10 millions de personnes. Et il n’y a que 82 macro langues sur la terre. Et le créole haїtien étant parlé par plus de onze millions d’âmes occupe la trente-cinquième place parmi les 82 macro langues. (Mathieu S., 2005, p. 18-20).

En revanche le français sachons le, est une langue qui même si elle est en perte de vitesse en Haïti, est néanmoins, “Selon les prévisions, en 2050, 750 millions de personnes dans le monde seront francophones. Presque trois fois plus qu’aujourd’hui, en grande partie du fait de la poussée démographique en Afrique. C’est donc une langue puissante (Source France Culture).

Il ne nous resterait plus qu'à faire bon usage de notre patrimoine linguistique, des héritages blessants ou pas. Saisissons l'opportunité qu´importe d´òu elle vient et comment elle se présente! N'abandonnons rien, prenons notre bien òu il se trouve et cultivons notre jardin. Plantons “notre créolité” au coeur de notre avenir. Elle est inclusive! Votons: créole: oui! et français: oui!

Aucune loi d´accompagnement n'ayant été faite sur les langues et leur espace par le Parlement de la République à ce jour: Le méli-mélo qui consiste à commencer une conversation en français et à virer sans ambages au créole, est monnaie courante dans la conversation. La première fait office de langue adoptée et la seconde de langue maternelle, une mamelle biologique.

Paradoxe: Lors de l'amendement de la constitution de 87 la polémique s'est déclarée quand le -texte d´amendement- n'avait pas été écrite en créole mais seulement appliqué à la constitution en langue française. Et donc, nous détenons bel et bien en Haïti -une constitution en créole de l´année 1987 sans aucun amendement- et en même temps une constitution amendée en langue française. Cette dernière seule fait office de document valable régissant notre pays alors que celle en créole non-amendée est restituée sans explication aucune. Une telle négligence ou un tel laxisme ne s'explique pas quoique nombreux sont-ils qui en font état et se sentent abusés, une majorité de la population, au fait.

Imaginez qu'un citoyen, faisant droit de la Constitution de 1987 en créole, fasse requête à partir des stipulations de cette -Constitution créole- volontairement mise de côté par les dirigeants politiques au pays.

En même temps, imaginez l'angoisse des enfants depuis l'école primaire quand il doivent apprendre en langue française et n'y rien comprendre malgré leur meilleure volonté vite tourné en frustration charriée jusqu'à l'âge adulte.

Et, voici la Tendance actuelle, en 2018 sur le terrain: Une sorte de réaction contre ce qui est perçu comme un acte de résistance. Demandez le au Directeurs d'opinion de haute volée, ils vous confirmeront la chose. Actuellement, à l'oreille de la majorité de la population haïtienne, le français est élitiste, bourgeois (boujwa) et donc méprisable car, seul le "kréol" est libérateur. En ce sens, Léonora Miano précisait : “Les Africains n’ont pas choisi la France. Elle leur est tombée dessus.”

Trouillot dans son éditorial au Le Nouvelliste “Pale franse gen dan” Publié le 21 Mars écrit: “Et dans la tragédie d’un peuple sanctionné deux fois : une première langue minorée (le créole), méprisée; une deuxième (le français) qui pourrait être sienne accaparée comme privilège de classe ou de caste.” Trouillot n'a jamais si bien dit!

Combien de fois je me suis vu rappelé à l´ordre tandis que je postais mes commentaires au bas des émissions live sur le web. le “zuzu” est irrecevable me disaient certains… me lançant encore des injures que je me garderai de répéter. J'ai vite compris que le français renvoyait à une mémoire coloniale dans l'imaginaire actuelle. Mais également que je ne pouvais me singulariser si je voulais partager mon opinion. Qui veut se faire comprendre en Haïti par tous aujourd'hui, se doit d'oublier de parler et d'écrire en français. S´exprimer seulement en créole est le moyen de se faire écouter par tous. Utiliser le français c'est comme insulter la population des internautes haïtiens. Qui tient le français pour langue, se retrouve vite dans un coin du web, esseulé de la communauté locale et diaspora parce que renvoyé au statut de dominant, de répugnante élite comme le furent les colons français de qui l´haïtien s'est pourtant libéré depuis 1804. Mais encore ressenti sous le joug des classes possédantes “égocentristes”. La réalité interpelle: Pour l'haïtien d'aujourd'hui le français c´est l´horreur. On l'utilise seulement quand on y est forcé ou pour s´adonner à certaines manipulations de classe.

C'est dire la régression astronomique du français sur place depuis des dizaines d´années.

Observons le cas symptomatique de l'affaire au Parlement haïtien qui insiste à débattre et à écrire ses lois en francais quitte à les faire traduire en créole, alors que la traduction n´est ni admissible, ni correcte. Les difficultés de nos honorables parlementaire partis en majorité de l'arrière-pays sont notables. Les écueils qu´ils franchissent aux séances de débat sont davantage dans l'expression d´un français boiteux que dans le travaille de réflexion ou de prise de décision sur un quelconque consensus.

Si on a pu se demander pourquoi cette question d'efficacité dans l'utilisation de la langue française comme langue de travaille au Parlement de la République n'a pas été à ce jour adressée par les plus haute sphère haïtienne, on pourrait penser que c'est parce que la France est constamment présente sur le terrain apportant son assistance financière et sa francophonie, son instrument de promotion...

De surcroît, que nos dirigeants politiques au gouvernements bifurquent outre les besoins et peu importe la volonté de la population pour s'assurer un mode “ la dragée haute d'une politique embourgeoisé”. Nombreux sont-ils les autres qui avancent que ces personnages politiques sont trop ignares (inkompetent) ou trop occupés à s´émarger des avoirs et privilèges personnels tous-corruption (ban volé) pour accorder une quelconque importance au pays. C´est ainsi qu un choix de -langue est comprise par la majorité - comme par les parlementaires eux-même- sans aucun intérêt du point de vue de la classe dirigeante.

“Il y a ce réflexe anti-français de certains intellectuels et idéologues extrémistes, comme si la langue était coupable des usages qu’on a pu en faire”, dit encore Lyonel Trouillot. A cela j'ajouterais un groupe adhérant à cette attitude que décrit Trouillot en relation avec le “réflexe” de la masse ultra-nationaliste-identitaire profondément inspiré de l'histoire de la victoire du noir esclave contre le blanc malsain. Cette majorité de la population haïtienne rejette le français qui lui est souvent imposé dès l'école primaire et veulent s'en libérer, peu importe les conséquences. Le sacrifice en vaut la peine dans cet esprit-là, pensent-ils.

“Il y a le ridicule de ceux et celles qui croient parler français en parlant créole.” ajoute Lyonel Trouillot. Ce qui nous ramène à la confusion propagée par l'éducation quasi-bilingue des enseignants inaptes. Des langues apprises depuis l'école primaire sans contrôle et sans régulation. Une situation dans la coexistence quand l´enseignement créole se réclame voix authentique du natif-natal avec pour sédimentation un sentiment revanchard contre l'autre langue: le français enseignée aux cours privées accessibles aux seuls nantis!

La confusion règne également au parlement òu les créolophones eux-même se sont "éclatés” quand un honorable parlementaire chargé de lire une proposition de loi en français eut à confondre les mots “immunité" et “ humilité” (qu'il prononçait comme imilité). La prononciation créoliste, la diction "surette" et le rythme cassé dans la lecture des textes, ne surprennent plus personne -à suivre débats parlementaires live sur le net. Epuis revenons à l'hilarité majeure survenue quand un autre de nos honorables parlementaires dont je tairai le nom buttant sur la prononciation du mot“ email” fut articulé par lui en “maille” résultant en buzz ! Ensuite, ses efforts pour se dédouaner ne firent que renforcer la moquerie. Sa méconnaissance vis à vis de ce que peut être une messagerie informatique et comment prononcer convenablement “email” l´etiqueterrent de véritable crétin, “yon neg sont”. Or, nous savons à travers le témoignage de ses collègues qu'il n' est pas ainsi. S'il a des manques, le Sénateur ne serait pas un "égaré". La lecture de la langue français c'était de surcroît pour lui comme pour bien d'autres d'ailleurs, comme se jeter en eau profondément troublé. Soulignons la connotation que peut avoir en Haïti l'expression “pas égaré” soit: astucieux, roublard et profiteur dans le mauvais sens du terme. Quelle confusion dans la confusion pensez-y!

C´est aussi et surtout -en diplomatie internationale- une question de politique des puissants -amis/partenaires- vis à vis d'Haïti. Si depuis longtemps, les américains ont voulu renforcer le créole sur le terrain, éliminant ainsi l'influence du parler français et vouloir être de france; ils n´arriveront à leur fin que dans les années 80 faisant valoir un argumentaire qui servait leur objectif - à savoir qu'apprendre dans la langue maternel aide à la compréhension. Les Etats-Unis formalisent le système d'écriture du créole sur un modèle “anglophone” tandis que la France temporairement évincée, ne laissera à aucun moment tomber son influence territoriale.

L´Ambassade de France en Haïti a une forte présence sur le terrain et l'Ambassadrice Elisabeth Beton Delègue fait montre d'un dynamisme exceptionnel. C'est ainsi que sa présence et son intérêt pour Haïti, (tout en adressant bien entendu, les directives du gouvernement français) sont notoires. En ce qui a trait au développement linguistique social et culturel du pays, elle n'aurait pas d'égal. A l´occasion du récent Colloque/Quisqueya/REDFORD des s 22 et 23 Mars, l'ambassadrice accompagne la réflexions sur les défis du système éducatif en Haïti sur les aspects : « Professionnalisation, innovation et transformation, leviers de développement ». Soutien procuré de l’Agence universitaire de la francophonie cet événement réunit une pléthore de chercheurs haïtiens comme étrangers.

La France lutte pour garder sa place en Haïti, dans sa quête de "domination/collaboration/partenariat/amitié", le tout à la fois. Elle a travaillé durant des années par l'entremise de la langue française dont le moteur majeure est la francophonie, mais également les Alliances Françaises, les Instituts Français, les prix d'excellence et autres offres telles que bourses d´étude. (A noter que ce n´est pas pas seulement en Haïti mais à travers le monde que des Lycéens français reçoivent et éduquent les élites diplomatique et locales).

Mais le monde tourne et les choses évoluent à Paris comme à Port-au-Prince. Et pas toujours dans un mauvais sens. De sorte que cette nouvelle orientation des objectifs de la Francophonie sous la houlette du jeune président Emmanuel Macron étonnent et réjouissent à la fois. C´est avec attention que j´ai suivi son récent discours le 20 Mars dernier, jour commémoratif de la francophonie. Depuis l'auditoire de l'Académie Française, à Paris, Macron libérerait "la langue française", -la langue elle-même- de son carcan local, territorial: La France. Il semblait vouloir dire: transformons l´oiseau (la langue) en un élément à part entière, un porteur de liberté des pensées et conscience, pour le progrès universel. Là, je me suis dis, -je vous le confesse- , que décidément les français étaient trop forts!

Si je connaissais déjà le pragmatisme américain, cette fois, il est évident que quelque chose se passait au sein même de la francophonie: une avancée dans la mentalité française elle-Même la poussant à une stature plus universelle. Une sorte de transmutation de son ADN d´ aristocratique et hors de porté. la langue française prend un autre envol. Le Président français déploie son discours en faveur du français devenu la langue “tout-monde” inspiré de l'idéologie d'origine antillaise le très regretté Edouard Glissant.

On peut, néanmoins se demander si cette exceptionnelle faculté d'adaptation -nouvelle génération- à la Macron, si l'élite décisionnelle française l'a portera-t-elle à éclosion également; la fera -t-elle aboutir? la vision et le projet Macron pour la francophonie va jusqu'à expulser la langue de Molière hors territoire du pays de France dans un but de mondialisation. Ecoutez plutôt sur le net le discours fleuve structurant mais poétique d´Emmanuel Macron. La France ne serait plus qu´un des pays de la francophonie comme les autres et le français de France perdrait du coup cet aspect: "Seule ma francité, celle de mon territoire, seule ma façon de concevoir le monde est fécond."

Il est intéressant d'élaborer en même temps cette faculté bien haïtienne de surfer aux confluents des rivières qui se jettent dans la mer. Et Je vous rassure, ceci n'a rien de mauvais. En effet, aujourd'hui le syncrétisme de la langue se retrouve à ce confluent quand la rivière c´est le créole et la mer le français. Ce qui nous laisse la voie libre à l'utilisation d'un créole garni de ces mots français ou d´accent francais emprunté sur une base créolisation massive. Pourtant rien de bon ne sort de l´indiscipline aussi la recherche de perfection et de régulation d´une telle évolution du langage qu'il soit français ou créole ou un -heureux mélange- devient primordiale. Evitons une guerre qui consiste à imposer sur la langue des limites que sa nature vivante rejette. L´évolution! Les règles contraignantes devraient participer du vivant.

Nos deux langues, une fois imbriquées dans un principe de fonctionnement et des règles adéquates, elles pourraient nous faire sortir de ce cruel état d´abandon, de "laissez-faire” en tout. Un effort dans la structuration et l'élaboration des lois sur la linguistique et son application à l'éducation scolaire et universitaire devient nécessaire.

Si l'ignorance est un manque òu on ne possède, on ne comprend le/les contenus ou la signification des matières: en revanche l'entêtement à ne rien faire, à s´en remettre au status quo, est un véritable malheur. Le choix de la population est pourtant assez claire malgré l´ idiosyncrasie locale et le -rejet contextuel démontré dans le texte. Les maman réclament toutes le français dans l'éducation de leurs bambins avant tout, car elle savent que c'est un passeport vers le monde et à défaut le créole. Extraordinaire paradoxe quand on y pense. -Car cette population se cherche à tout prix des opportunités d'ouverture dans l'impératif de l'exil.-

La population attend des directives. Elle est consciente et en a besoin; le pays en a besoin pour son bon fonctionnement.

La solution passera par le résultat des débats menés entre académiciens, législateurs et enseignants également, en vue de législation, concrétisation des principes et leur application .

Si ce secteur de la langue est une oeuvre justement réservée aux décisions des spécialistes, À ce dossier des langues et du bilinguisme en Haïti, il faudra certainement inclure l'influence prégnante de l'anglais “enjoy” “life” sur le français-haïtien et sur le créole-haïtien. Le phénomène affecte également la langue française et la France en est bien consciente...le franglais devient globish, anglobale, angolais, consistant en la substitution du mot français par le mot anglais... (Et, j´en ai conscience, je n'en ai pas assez dit sur cet important aspect de la chose).

Le Macronisme aime les mots anglais disent les puristes ou classiques bien francais: “ process, sky is the limit, start-up nation.” L´anglicisme envahit la langue de Descartes... La prise de conscience que la connaissance de l'anglais et autres langues - devraient ouvrir la France- au plurilinguisme en France- devient une des directives Macron ( lire son discours). Le château de Villers-Cotterêts lieu de naissance d´Alexandre Dumas situé sur la commune de Villers-Cotterêts, dans le département de l'Aisne, en pleine ville. à 1 h de route de Paris (environ 80 km), servira rénové pour servir de centre de cette Francophonie (nouvelle génération) annonce Emmanuel Macron. Bientot nos étudiants haïtiens nous en parleront pour y avoir été invités...

Autre tendances des temps: -L´âge de la technique, les nouvelle technologie, la robotique, les neurosciences et pas seulement se cherchent un vocabulaire et un langage, secteur que l'anglais à récupérer à son profit.... mais qu'en est-il? Il y a également L'emballement des peuples pour les “droits de l'homme” procurant forcément aux peuples un droit à la “ liberté prioritaire” - comme le droit de parler comme on le veut (à l'oral) et faire-fi des beaux discours d´une langue châtiée ( de l´écrit censuré ou du littéraire…)

Les dirigeants haïtiens sont appelés à agir avec intelligence. Pour ce faire, une forte pression citoyenne, nous semble-t-il, devra surgir au devant de la scène politique.

Fin

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