dimanche 14 janvier 2018

Sommes-nous dans un pays de merde ?


Oui, nous sommes dans un pays de merde.
Nous sommes un pays de merde parce que 200 ans après notre indépendance nous portons toujours les chaines de l’esclavage.
Parce que nous traitons nos frères comme des esclaves, nous traitons nos servantes, nos tirestavek comme des esclaves.
Parce qu’on n’arrive jusqu’ici à construire l’Etat Nation.
Parce que, 200 ans après notre indépendance, nous n’arrivons jusqu’ici à identifier nos compatriotes. Ils sont des milliers de Ti Joseph, Ti Jocelyn qui naissent aujourd’hui quelques parts dans un centre de santé, et n’ont plus droit à un acte de naissance.

Parce que nous ne sommes plus en mesure de livrer de simple passeport à nos compatriotes qui n’ont qu’un rêve. Laisser l’enfer, un pays de merde.

Parce que nous ne sommes plus capables d’arrêter nos querelles de chapelles, nos egos (depi nan Ginen nèg rayi nèg)
Parce que des frères haïtiens continuent d’assassiner des frères haïtiens.

Parce qu’une minorité possède toutes les richesses nationales alors que la grande majorité croupit pour l’heure dans la misère abjecte.
Parce que cette minorité mange et boit chaque jour jusqu'à satiété alors que la majorité crève de faim .

Parce qu’il n’existe plus en HAITI des hôpitaux de références pour donner des soins de santé aux haïtiens, de tribunal pour donner une justice saine, d’école pour fournir une éducation de qualité, d’institutions qui garantissent le droit à la sécurité sociale, aux logements, aux infrastructures de base.  

Nous sommes un pays de merde, parce que nous attribuons moins de 5 % de notre budget à la santé, alors que nous en donnons beaucoup plus aux choses politiques et à nos politiciens.
Parce que nos jeunes vivent misérablement dans le chômage, dans un pays de copinage et de parrainage.

Parce que l’état taxe les pauvres et exonère les riches.
Parce qu’ici c’est la loi de talion qui est de mise, la raison du plus fort est toujours la meilleure.
Parce qu’ici c’est la règle qui confirme l’exception.
Parce que nos citoyens ont perdu confiance dans cet état voyou, cet état cadavre.

Parce que nos voitures officielles aux vitres teintées paradent les rues avec des sirènes à longueur de journée et bondent sur la population.
Nous sommes dans un pays de merde parce que l’état traite ses citoyens comme des chiens et canards sauvages

Parce que l’état encourage le bien-être individuel au détriment du bien être collectif « Naje pou soti ».

Parce que l’état est encore loin d’organiser notre cadastre. Ce qui donne libre court aux voleurs de propriétés privées à Laboule, Thomassin, Vivi Michel, Plaine du Cul de Sac et j’en passe.

Parce que l’élite économique et l’élite intellectuelle choisissent de donner naissance à leurs enfants sur le sol américain, parce qu’ils nient nos valeurs civiques et républicaines et choisissent de créer une génération qui n’a rien avoir avec l’HAITI du futur et l’HAITI tant rêvée

Nous sommes dans un pays de merde, parce que chaque haïtien n’a pas la notion de citoyenneté et vit en transit en Haïti. Parce que chaque haïtien est un exilé mental et un exilé de fait.

Parce que nous, les haïtiens, nous choisissons aux élections la plupart du temps des bluffer, des dealers de drogue, des insouciants pour mener la destinée de notre pays.

Parce que nous acceptons de vivre dans le mensonge et la démagogie.

Parce que nos élites donnent bénédiction à des hommes politiques, symboles de la bêtise, de l’immoralité. Ce 13 janvier c’est la journée internationale sans pantalon, il ne serait pas étonnant de voir des hommes politiques haïtiens circulant sans pantalon.

Nous sommes un pays de merde parce que l’état a laissé tête-baissée l’international avaler injustement une partie des 4 milliards de dollars qui étaient destinés aux programmes post séisme 2010 et octroyé du soutien à l’assistance mortelle. 

Parce que nous souffrons tous d’une amnésie collective (nou manje manje bliye) nous oublions 1804, tout ce qui fait notre fierté.

Parce que l’état donne carte blanche aux voleurs et dilapidateurs des fonds publics. Les scandales des fonds Petro Caribe et des fonds d’urgences sont des exemples patents.

Arrêtons notre hypocrisie et pseudo nationalisme !

Jude Martinez Claircidor
Journaliste

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