mercredi 4 octobre 2017

LE RÉGIME MOÏSE-LAFONTANT FRÔLANT LA BANQUEROUTE


Une grosse commande d’équipements lourds effectuée

Transaction portant sur plus de USD 123 millions $; La garantie du prêt assurée par la BRH; Amis et bailleurs de fonds de Moïse en liesse...


Au moment où l’administration Moïse-Lafontant se trouve en butte à la grogne nationale pour n’être pas en mesure de verser les arriérés de salaires à des millions d’employés de l’État, en sus d’une dispute qui fait rage autour du budget criminel illégalement votée et publié, le président Jovenel Moïse a signé un prêt de l’ordre de USD 123 millions $ afin de financerl’achat de matériels lourds. Selon des sources proches du Palais national, cet accord a été passé suite à la garantie donnée par la Banque nationale de la République (BRH) ou Banque centrale, que la dette sera payée « promptement » et intégralement. Cette transaction fait sourciller certains milieux financiers du pays, car présentement Haïti est jugé insolvable, au point qu’aucune des institutions traditionnellement prêteuses d’Haïti n’aurait avalisé une pareille affaire.

En effet, il s’agit de trois contrats portant sur un total d’USD 123 millions 372 025 $ signés par l’équipe Moïse-Lafontant avec trois sociétés haïtiennes, pour le fournissement d’environ 500 unités d’équipements lourds. Avec la signature de ces documents, les compagnies HAYTRAC (Haitian Tractor & Equipment Co. S.A.), Auto Plaza S. A. et Automeca (Auto & Mecanique S.A.) fourniront ces engins lourds à l’État haïtien dont les institutions prioritaires pour leur usage seront le ministère des Travaux publics et des Télécommunications, celui de l’Agriculture et des Ressources naturelles ainsi que celui de la Défense.

Ces trois contrats représentent le plus important signé par l’actuelle administration tèt kale. Il survient dans un contexte de pénurie extrême dans le cadre duquel le gouvernement en place se débat péniblement pour s’acquitter de ses dettes, notamment des arriérés de salaires dus aux employés et fonctionnaires de l’État comme, par exemple, les enseignants et des policiers. Ainsi que des membres du Corps diplomatique et consulaire. Dans les milieux proches de certains consulats haïtiens, on laisse croire que ces agents attendent encore le paiement de leurs salaires pour les mois de juin, de juillet et d’août.

Selon le quotidien Le Nouvelliste, le remboursement des fonds destinés au financement de ces équipements se fera sur 48 mois. Tandis que le matériel, dont la construction commence immédiatement après la signature du contrat, sera livré dans moins de douze mois.

On apprend en outre que la dette est payable en monnaie haïtienne, suivant le taux fixé par la Banque centrale. À en croire une source gouvernementale, les trois contrats ont été analysés « minutieusement » par la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA) qui n’y a relevé aucune irrégularité. Toutefois, dans une intervention à la station de radio Scoop- FM, le sénateur Rony Célestin a indiqué que cette affaire a été conclue « sans appel d’offres ».

Selon d’autres sources gouvernementales, Auto Plaza S.A. a bénéficié du plus important contrat, soit USD 53 millions 690 mille 275 $, contre 295 pièces d’équipements; la Haytian Tractor s’est vu octroyer USD 41 millions 046 mille 750 $, pour 95 unités; tandis que la Automeca est engagée pour une valeur totale de USD 28 million 636 mille $ et devra livrer 100 unités d’équipements.

Le financement assuré par un consortium de banques haïtiennes

Comme d’habitude, en Haïti, les transactions conclues par les institutions d’État ne sont pas réalisées dans la transparence. Ce qui laisse généralement la porte grande ouverte aux magouilles et à la corruption qui s’installe souverainement ans l’administration publique.

Quoi qu’on puisse faire et dire, les dirigeants du pays n’accepteront jamais de donner accès aux documentations liées à ces transactions. Quoi qu’il en soit, on a appris, de sources autorisées, proches du Palais national, que le financement requis pour faire l’acquisition de ces engins lourds est assumé par un consortium d’institutions bancaires haïtiennes, dont, notamment, la UNIBANK, la Banque de l’Union haïtienne (BUH), la Sogebank, etc.

On explique, par ailleurs, que l’atmosphère dans laquelle se sont déroulées les négociations, en vue de parvenir à la concrétisation du contrat, ont grandement favorisé les clients haïtiens. 

Selon des sources diplomatiques, l’administration en place n’allait pas pouvoir sécuriser un prêt de cette importance auprès des institutions de la haute finance internationale, telles que la Banque mondiale (BM) ou la Banque interaméricaine de développement (BID), car au fil des dernières décennies, Haïti s’est révélé «mauvais débiteur ». Dans le cadre du service de sa dette externe, apprend-on de ces mêmes sources, le pays se débattait péniblement pour verser les échéances, étant parvenu, certaines fois, à devoir jusqu’à trois ou quatre mois à la fois. C’est pourquoi, explique-t- on encore, les institutions internationales avaient fini, plus d’une fois, par «pardonner ses dettes à Haïti ». C’est présentement le cas avec le Venezuela, en ce qui concerne la date d’Haïti par rapport au fonds PetroCaribe. On se rappelle, d’ailleurs, que, en deux occasions, Caracas avait pardonné ses dettes à Haïti.

Qualifié d’« insolvable », par certaines sources bancaires internationales, ces jours-ci Haïti trouve difficilement de preneurs dans le cadre d’une demande de prêt. On laisse croire que tel aurait été le cas pour l’acquisition de ces équipements.

Mais une telle situation fait l’affaire des dirigeants haïtiens. Car cessources diplomatiques ont encore précisé que sans avoir à s’astreindre au contrôle des institutions bancaires internationales, les acteurs haïtiens ont les coudées franches pour « magouiller », « escroquer », « surfacturer » et se livrer à toutes sortes d’opérations liées à la corruption,sans s’inquiéter nullement du « droit de regard » que s’attribuent généralement les représentants étrangers responsables de la gestion des prêts internationaux.

À la lumière de ces explications, on ne doit exclure les possibilités que les parties contractantes ne fassent payer à l’État haïtien plus de deux fois le montant du prix total de la machinerie dont l’acquisition s’est effectuée dans le cadre de cette transaction. Surtout que tous les paramètres utilisés par Michel Martelly et son équipe pour détourner le fonds PetroCaribe sont là.

Certes, les négociations et les opérations ont été conduites dans l’opacité totale; selon le sénateur Rony Célestin, les contrats ont été octroyés « sans appel d’offres »; dans la mesure où les compagnies bénéficiaires de ces contrats sont des proches du régime tèt kale, voire des bailleurs de fonds de Jovenel Moïse ayant financé sa campagne électorale, il y a fort à parier que le copinage a joué pleinement son rôle dans ces transactions.

Il faut également reconnaître que Jovenel Moïse n’a eu aucune gêne à conclure cette affaire au moment où le paysse trouve confronté à une grave crise économique, au point que, en dépit du forcing qu’il a fait pour que soit voté le budget 2017-2018, il n’y a pas encore un budget à proprement parler. Quand on sait également que la Caravane du changement bat de l’aile financièrement, on doit vraiment s’interroger sur les possibilités de l’administration Moïse-Lafontant de rembourser ces millions.

Somme toute, il est impératif que soit ouvert un réel débat sur ces derniers contrats, demanière à porter les acteurs à fournir des explications pertinentes sur les conditions dans lesquelles ont été réalisées ces affaires. Autrement, Jovenel Moïse finira son mandat laissant aux générations futures le poids du fardeau d’une nouvelle dette qui vient s’ajouter à celle du PetroCaribe.

En tout cas, ces contrats doivent faire jubiler les amis et bailleurs de fonds personnels de Jovenel Moïse. Ces derniers ne manquent pas de frotter leurs mains de satisfaction à l’idée de réaliser de juteuses dividendes.

H.O.

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