vendredi 12 mai 2017

Heureux Anniversaire à mon petit frère Ronald Bennett.

Ronald Bennett (St Tropez, France 1991)



Heureux Anniversaire à mon petit frère Ronald Bennett. Souvenirs d'enfance.
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J'avais 9 ans à la naissance de Ronald (Nano) qui est le 7eme de la fratrie. Je me suis toujours occupée de lui ainsi que de Rudy. Ces deux derniers étaient mes bébés et j'ai toujours considéré qu'ils étaient mes fils aînés. Mes parents, Aurore et Ernest, travaillaient beaucoup et étant l'aînée de 7 enfants je me devais de les surveiller en l'absence de mes parents. Nos grands-parents maternels, Sœurette et Matard Ligonde ont toujours vécu avec nous et faisaient de leur mieux pour nous superviser comme Ils pouvaient. Il faut dire qu'on était une petite garnison de chenapans respectueux et bien élevés mais assez turbulents. On faisait dès bêtises chaque jour et presque chaque semaine l'un de nous finissait à l'Hopital du Canapé-Vert au grand dam du Dr. Charles Chevallier, notre medecin-chirurgien, qui nous a tous opéré soit de petits ou gros bobos, amygdales, appendicites, pieds, bras ou poignets cassés, accidents de voitures, de motos et de bicyclette, chutes, tout y passait avec nous. Je crois qu'il aurait été impossible pour Doc Chevallier de comptabiliser le kilométrage de fil de sutures qu'il utilisait pour nous recoudre et parfois sans anesthésie locale. Il disait qu'on était une bande de petits pieds nickelés qui inquiétaient toujours nos parents et il n'hésitait pas à nous tirer les oreilles quand il fallait. Quand au nombre de X-Rays passés dans sa clinique de la Rue Capois avec notre radiologue Dr Hyppolite, ils étaient si nombreux que maman aurait pu les encadrer et décorer les murs de la maison à la place de nos dessins d'enfants pour lesquels aucun de nous n'était doué. Les enfants Bennett fréquentaient davantage la clinique du chirurgien que celle du pédiatre. Aurore était tellement habituée à nos petits accidents, qu'elle ne se déplaçait plus pour nous accompagner à la clinique. Elle appelait son amie Jaqueline, l'adorable épouse et également l'assistante de Doc Chevallier pour lui annoncer notre visite. Maman ne venait à la clinique que si Jaqueline lui disait que c'était sérieux ou en cas d'hospitalisation. 

Ronald et moi. (Cannes, France 1991)

Ronald était un magnifique bébé avec une chevelure d'asiatique. Notre jeune oncle, Guy Bennett l'avait surnommé "Viêt Cong" à cause de ses cheveux châtains foncés très lisses. Nano devint vite le petit préféré de notre père Ernest qui lui passait tous ces caprices. Le petit dernier avait droit à un cadeau presque chaque jour de papa. Une petite voiture miniature par ci, un camion de pompiers par là. C'était ses jouets préférés et cela n'a pas changé. Il est toujours à ce jour un passionné de voitures, de courses de Formule 1. Il a même été pilote de Formule 3 en Europe.

Nano sortait souvent avec papa certains après-midi et Il restait très secret à ce sujet. Il etait toujours muet quand je lui demandais où Papa l'emmenait. C'était leur secret de polichinelle que j'allais un jour découvrir. D'ailleurs Il n'a pas changé, il n'est toujours pas un grand bavard et c'est le seul de la famille capable de garder un secret qui lui est confié. 

Michele - Ronald - Ma mère Aurore et ma soeur Joan.
Hôtel Dorchester - Londres 1984

Il avait à peine 4 ans ce jour là quand papa lui dit qu'il ne l'emmènera pas en promenade un après-midi. Ronald s'est mis à pleurer et à se rouler par terre et après le départ de Papa, il a voulu rester à la barrière de la maison à attendre son retour. À cette époque on habitait une maison à la Tête de l'Eau, juste en bas de l'Hotel Ibo Lélé. Mais ce que je ne savais pas, c'est que Nano avait vu mon père prendre la direction de l'Hotel au lieu de celle de Petion-Ville. Patient, Il a vu revenir la voiture de Papa qui n'était plus seul mais accompagné d'une jolie touriste rencontrée la veille et qu'il emmenait visiter la capitale, en l'absence de notre mère partie aux USA en voyage. Je n'ai jamais oublié ce spectacle. Je n'en croyais pas mes yeux! Ronald, habillé d'une chemise et d'un pantalon court, les pieds nus dévalant la pente après la grosse Oldsmobile noire de Ernest en criant "Papa! Papa! Papichon! Attends moi!". Je me suis aussitôt mise à courir après Nano pour le rattraper de peur qu'il ne se fasse écraser par une voiture. Arrivé au coin de Bois Monquette, juste avant le Pont-Borno, papa a du s'arrêter pour laisser passer une voiture venant en sens inverse sur le Pont, et Ronald en a profité pour s'accrocher à la portière du côté de la jeune femme qui dit à mon père: "Ernest, ce petit garçon vous a appelé Papa!". Et mon père de répondre avec un aplomb surprenant: "Ce sont des petits mendiants du quartier qui demandent des sous et ils appellent tout le monde papa." J'étais tellement choquée et furieuse que j'attrapai Nano qui était assez frêle, par la chemise juste au moment où il essayait d'ouvrir la porte de la voiture et l'ai ramené en larmes à la maison.

Ronald et Papa, Haiti

J'ai passé l'après-midi à le consoler jusqu'au retour de papa vers 18 heures. Ernest arriva comme si de rien n'était avec les bras chargés de petites voitures miniatures pour Nano qui a vite oublié l'incident. C'est ainsi que je compris ce jour là que c'était sa façon à lui d'acheter le silence du petit qui ne dévoilait jamais les secrets d'infidélité "notoire" de mon père. Cette histoire a fait le tour de la famille et des amis et arriva jusqu'aux oreilles de maman à son retour de voyage! Bonjour la casse! Encore des assiettes à remplacer! Les infidélités de Ernest et les scènes de jalousie de Aurore régalaient toute la bonne société de Petion-Ville et de Port-au-Prince.

Ronald, Rudy et moi étions très complices et ils se confiaient toujours à moi. J'ai toujours été leur "roc". Celle à qui ils demandaient conseil et qui les couvrait toujours quand ils faisaient des bêtises pour leur éviter les fesseés redoutées de tous par Aurore. Un jour que Nano avait fait une bêtise au moment de passer à table, notre mère demanda à Ernest de le corriger. Je vis notre père prendre son ceinturon et Il attrapa Ronald par son petit bras et l'entraîna dans sa chambre à l'étage. J'entendais Nano hurler, et n'y tenant plus, j'ai grimpé l'escalier quatre à quatre jusqu'à la chambre et ce que je vis me cloua sur place! Papa debout qui fouettait le lit en se tordant de rire et Ronald qui hurlait, faisant semblant de recevoir des coups! Ah! Ces deux là! Papichon et Nanobus, à eux deux, c'était association de malfaiteurs!

Aujourd'hui je suis fière de l'homme que mon petit frère adoré est devenu. Papa de trois jolies filles, Anais, Chloé et Thalia qui font la joie de la famille.

Mon Nano, Anya se joint à moi pour te souhaiter un merveilleux anniversaire.

Je t'embrasse de toute mon affection de toujours.

Michèle Bennett Duvalier
Paris, France
Le 13 Mai 2017

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