mercredi 17 mai 2017

Hausse du prix du carburant, les premières retombées de la caravane du changement ?


Par Claudy Briend Auguste



Partout, c’est la grogne, même dans les rangs de PHTK au faible pouvoir d’achat. Ironie du sort, alors que les autorités dominicaines s’apprêtaient, samedi, à calibrer les pompes à essence, pour rendre effectifs les nouveaux prix révisés à la baisse, dans le souci d‘assurer l’apaisement social de manière continue, de l’autre côté de la frontière, en Haïti, la caravane du changement, sans encore arriver à placer de l’argent dans les poches des citoyens, entame un changement majeur. Tous les prix des résidus de l’hydrocarbure sont révisés à la hausse, une décision aux conséquences incalculables qui vient rendre plus élevé le coût de la vie déjà fragile dans un pays où des millions de citoyens vivent en deçà du seuil de la pauvreté.

En effet, l’administration tèt kalé bis, qui n’a fourni aucun détail sur l’indisponibilité des fonds pour financer des projets de développement, continue de faire preuve d’amateurisme flagrant dans la gestion des affaires de l’État. La publication du communiqué conjoint des ministères des Finances et du Commerce, tôt dimanche matin dernier, sur l’ajustement des prix du carburant, éclipsent l’installation ratée de Fritz Jean à l’UCREF et au renvoi en douceur sur la touche de Jeantel Joseph, lui et le président Jovenel Moise, tous deux alliés de Guy Philippe. Ce dernier, accusé de blanchiment d’argent en provenance présumée du trafic de la drogue, est en attente d’un verdict du juge, en juillet prochain.

Le kérosène dont le consommateur haïtien en ville ou à la campagne, a le plus grand besoin pour l’éclairage, face à une compagnie électrique en agonie, a subi une augmentation de 25 gourdes, fixant le gallon à 173 gourdes, dépassant ainsi les 130 pesos que vaut ce même gallon de l’autre côté de la frontière. Avec cette décision unilatérale d’ajuster à la pompe le prix du gallon du mazout, du kérosène et de la gazoline, sous prétexte qu’un accord tacite a été trouvé avec les syndicats de transporteurs, non représentatifs des desiderata de la société, Jovenel Moïse cherche à asphyxier la classe moyenne au détriment des familles de la bourgeoisie, qui sont les principaux investisseurs de sa campagne électorale, a révélé l’ancien sénateur du Nord Moïse Jean-Charles. Celui-ci est, pour l‘instant, consi- déré comme le seul leader et ex-candidat à la présidence à placer son mot dans le débat suscité par cette grave crise économique latente que pourrait connaître bientôt le pays. Le carburant étant considéré comme un produit transversal, la hausse de son prix, dimanche matin, engendre inexorablement l’augmentation des prix de tous les autres services que pourra solliciter le citoyen. Quand on connaît l’état de fonctionnement de l’économie de marché haïtien, les marginalisés, les laissés-pour-compte sont à la merci des caprices des décideurs économiques de ce pays.

Comme pour signifier que l’augmentation à la pompe du carburant serait percuté uniquement sur les services du transport en commun, Rudy Hériveaux, un transfuge de Lavalas converti au PHTK, du ministère des Affaires sociales, est venu avec une liste de nouveaux tarifs effectifs sur les principaux circuits de transport de la République. Pour le directeur général de ce ministère, qui exigea l’application immédiate des tarifs, il suffirait que les conducteurs des différents circuits appliquent les nouveaux prix, et, d’après lui, le problème est résolu. La grogne entre chauffeur et passagers, est évitée, pense-t-il. Mais le pouvoir d’achat d’une population déjà agenouillée, qui végète dans la misère, n’a pas été pris en compte dans l’adoption de telle mesure. Contrairement à l`administration Martelly-Paul et à celle de Privert-Jean-Charles, qui ont dû faire marche arrière par rapport à leur projet d`augmenter les prix des produits pétroliers, les tenants du pouvoir actuel se sont montrés insensibles aux récriminations de la population et aux pressions des syndicats de transports arc-boutés depuis une semaine à leurs positions. Le 20 août 2016, l’un des représentants les plus réputés de la machine de la propagande du régime tèt kale, sur les réseaux sociaux et à l’extérieur du pays, avait qualifié de « décision malhonnête », la tentative de l’administration Privert-Jean-Charles d’ajuster à la hausse le prix de vente à la pompe du gallon de carburant. Prenant la défense du peuple, dont il prétendait parler en son nom, il agitait la carte de la misère dans laquelle il patauge au jour le jour. Aujourd’hui, ce même individu, par son attitude abjecte, à l’instar de Lucien Jura, en déficit de crédibilité depuis l’incident de l’Arcahaie non élucidé, trouve normal la hausse de 17 à 20 % du prix des produits pétroliers.

« Il ne s’agit pas de subvention du carburant, mais d’un manque à gagner pour les tèt kale », probablement, seul l’avis d’un économiste pourrait nous aider à mieux comprendre cette partie de la déclaration de l’ex-sénateur Moïse Jean-Charles qui intervenait sur les ondes d’une station de radiodiffusion de la capitale. L‘ex-sénateur, qui tentait d’expliquer « la gourmandise du régime tèt kale » avec tous ces décaissement de millions, çà et là, et voulant à tout prix rembourser les bienfaiteurs de la campagne électorale de Jovenel Moïse, a rappelé que l’administration Moïse-Lafontant vise la destruction de la classe moyenne, déjà affaiblie, au détriment de la bourgeoisie. L’ex-candidat à la présidence, qui en a profité pour rappeler la genèse de Petro Caribe dont un point de l’accord stipulerait vraisemblablement : 60 % du prix de vente au Venezuela et les 40 % au projet de développement durable, avec faible taux de remboursement échelonné sur 25 ans, aurait cependant oublié que le régime Lavalas, vers 2003, avait entraîné le premier la destruction de la classe moyenne, avec le mouvement des coopératives. Depuis lors, l`homme de la rue se trouve confronté à la dure réalité de la dégradation de son train de vie.

Malheureusement, comme un clou en chasse toujours un autre, les fausses promesses de campagne électorale ont produit les mêmes effets. En 2011, a rappelé M. Jean-Charles, l’ex-président Michel Martelly et ses administrations Martelly-Lamothe et Martelly-Paul ont tout gaspillé en conservant à 100 % des rentrées de la vente des produits pétroliers pour des projets-bidons et en rendant le pays redevable envers le Venezuela de plusieurs milliards de dollars. Pour l’ancien sénateur du Nord, avec une hausse du prix du gallon de carburant à la pompe, un produit transversal, c’est tout le secteur économique qui sera en crise, un point de vue qui est, cependant, loin d’être partagé par l’un des multiples conseillers du président Jovenel Moïse, Guichard Doré. Pour M. Doré, le protocole d’accord signé avec des syndicalistes comporterait plusieurs points au bénéfice de la population très septique sur un nouvel ajustement à la baisse dans le cas où le baril de pétrole s’achèterait à moins de 45 $ sur le marché international.« Si j’étais à la place de Jovenel Moïse, j’irais prélever de l’argent sur les activités rentables des Boulos, Arpaid, Accra, Mevs...», a lâché l’ex-sénateur sans mâcher ses mots, pointant ainsi du doigt la frontière haitiano-dominicaine où, d’après lui, des contrebandiers passent pour être les vrais maîtres dans les fausses déclarations de bordereaux de douane. Ce sont des milliards de dollars qui fuient les caisses de l’État, selon une estimation de Moïse Jean-Charles recommandant au président Moïse d’aller chercher des fonds dans ce secteur et laisser tranquille les braves travailleurs.

Le chien aboie, la caravane passe, auraient fait comprendre les maîtres d’Haïti pensant pouvoir venir avec des décisions unilatérales sur la hausse des prix du carburant, quand, selon un rapport de la Commission Latortue, des membres de cette équipe, y compris Wilson Laleau, et le régime tèt kale 1, seraient pour beaucoup dans le gaspillage des fonds Petro-Caribe. Sans dresser une grille de salaire révisé, dans l’administration publique, sauf pour la classe possédante, des jours sombres s’annoncent pour le pays où manger et boire à satiété, voire à sa faim, deviennent un luxe. Avec cette augmentation des prix des produits dérivés du carburant appliqués de gré ou de force, comme avait prévu le conseiller spécial du président envoyé à la table des négociations, a rappelé, de son côté, le Député Sinal Bertrand, c’est la classe démunie qui en subira en premier les graves répercussions.


 Il est inconcevable, dit-il, qu’un «évadé fiscal » [ses propres mots], comme Dr. Jack Guy Lafontant vienne parler de taxes sur le diesel et la gazoline quand lui-même, un professionnel, a passé 5 ans sans accomplir ses devoirs civiques envers la DGI. Mais dans la foulée, l’augmentation des prix de produits de premières nécessités est la conséquence première enregistrée suite à la hausse du prix du diesel et autres produits pétroliers à la pompe.

Aux syndicalistes (jaunes, roses, etc.) dont la crédibilité nous laisse dans le doute, nous leur disons qu’on ne campe pas sur ses positions sur un terrain d’entente. De belles offres, il est difficile de résister à cette tentation « sitou lè ou konn byen kote ou soti e ki kote ou vle rive ». Maintenant, arrêter de duper la population avec un suivi efficace de cet accord paraphé sous des pretexts fallacieux.

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