mercredi 19 avril 2017

DANS L’AFFAIRE DE L’ARCAHAIE : Youri Latortue contredit Jovenel Moïse

Dimitri Heŕard, le nouveau commandant de l'USGPN
L’incident survenu à l’Arcahaïe, le vendredi 7 avril, que la présidence qualifie tentative d’assassi- nat du chef de l’État, n’était, en fait, qu’un acte de banditisme. C’est ce qui ressort d’une entrevue du président du Sénat, le sénateur Youri Latortue, avec la presse. Venue d’un hautfonctionnaire de l’acabit de M. Larotrue, cette information vaut son pesant d’or. Car elle permet de faire la lumière sur un incidentsur lequel s’est précipité le président haïtien pour mettre la Police nationale sous coupe réglée. Selon le sénateur Latortue, la voiture du président Moïse n’a pas essuyé de jets de pierre, comme l’avait précédemment indiqué le Service de communication de la présidence.

Toutefois, ces déclarations de Youri Latortue, faites le mardi 18 avril, soit près de deux semaines après l’incident, intriguent les observateurs qui se demandent pourquoi le président du Sénat a attendu tout ce temps avant de tirer cette affaire au clair. Car, de toute évidence ce délai permet à la version officielle des faits diffusée par la présidence d’être accréditée auprès du public.

En tout cas, M. Latortue, qui voyageait, avec le président de la Chambre basse Cholzer Chancy, dans le même véhicule que le président Jovenel, fait une relation de l’in- cident, qui est totalement opposée à la version officielle présentée par la présidence.

Le sénateur de l’Artibonite a indiqué que le véhicule du président Moïse n’a pas été l’objet d’une attaque, car n’ayant essuyé de jets de pierres, comme il a été au préalable annoncé dans le communiqué émanant de la présidence, et diffusé le dimanche 9 avril, soit deux jours après l’incident. Le parlementaire n’a pas tardé à souligner, par contre, que des individus avaient placé un autobus en travers de la route, et qui avait effectivement mobilisé le cortège présidentiel. Il devait ajouter que les individus qui se trouvaient sur la route ne pouvaient constituer un réel danger pour le président. Il a révélé en outre que sans hésitation et dans l’immédiat, les agents de sécurité préposés à la protection du cortège officiel du président de la République se sont mis immédiatement en position pour frayer un passage au cortège, tout en s’assurant que les jeunes hommes qui se trouvaient sur les lieux ne pouvaient constituer une menace réelle pour le convoi.

Avant l’intervention du sénateur Latortue sur ce qu’on appelle l’affaire de l’Arcahaïe, le porte-parole adjoint de la Police nationale, l’inspecteur Gary Desrosiers, n’avait pas voulu confirmer ni infirmer la version officielle ayant fait état de tirs dirigés sur le véhicule du président Moïse.
Dimitri Heŕard, cadet de l'Ećole supéŕieure militaire Eloy Alfavo, en Equateur, saluant le préśident Michel Martelly

Sans aucun doute, cet incident a le potentiel de mettre la crédibilité du président haïtien à rude épreuve, surtout qu’il a immédiatement déclenché une série de déplacement et de mises en disponibilité au sein de la Police nationale. Un des cas les plus célèbres est la nomination d’un jeune commissaire récemment intégré à la PNH. Jovenel Moïse a nommé un nouveau commandant à l’Unité de sécurité générale du Palais national (SGPN). Il s’agit de Dimitri Hérard, 31, qui a étudié à l’Académie militaire d’Équateur. Un protégé de Guy Philippe, actuellement en prison à Miami, attendant son jugement dont la tenue est fixée au 1er mai.

Dans les milieux autorités, à la capitale haïtienne, on affirme que M. Hérard serait impliqué dans le « bateau sucré » d’Acra.

Rappelons que Marc Antoine Acra, inculpé pour trafic de drogue, avait fui le pays en février 2016, pour se réfugier en République dominicaine.

On se rappelle que, M. Philippe, fraîchement élu sénateur de la Grand’Anse, a été arrêté par un contingent de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ). Remis aux agents de la Drug Enforcement Administration (DEA), le même jour, soit le 5 janvier de cette année, il fut transféré sans délai à Miami où il est inculpé pour trafic de drogue et blanchiment d’argent.

Signalons aussi que dans une déclaration faite récemment, le president Moïse a laissé entendre qu’un président ne peut pas et ne doit pas mentir. Sans l’ombre d’un doute, il doit une explication à la nation en vue de justicier sa dénaturation des faits survenus le vendredi 7 avril, à l’Arcahaïe. Surtout son empressement à ordonner des réformes au sein de la Police nationale.

H.O.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire