lundi 19 septembre 2016

Aristide, la cible privilégiée des faiblards et des sicaires de toutes les tendances

Dr Jean Bertrand Aristide

Il est regrettable de constater le nanisme politique dans lequel nous végétons. Ce nanisme politique est caractérisé par cette haine d'un pan de la société haïtienne d'un homme dont le charisme a toujours fait peur. 

Je croyais, moi, qu'après 25 ans Aristide avait cessé de faire peur aux nantis et leurs valets. Aucun homme politique haïtien, en effet, n'aura fait couler autant d'encre et de salives. Il est aussi aimé que détesté. Il est aussi adulé que diabolisé. Aucun ancien chef d'État d'Haïti n'a jamais autant attiré l'attention d'un peuple. Aucun chef d'État avant ou après lui n'a jusqu'ici autant été trahi ou dénoncé par ses propres alliés naturels ou occasionnels.

Ceux qui ont mangé aux creux de ses mains sont ceux-là mêmes qui, une fois le ventre rempli, cherchent à l'étrangler. En clair, il est comme l'escalier ou l'ascenseur qu'on utilise pour monter ou grimper. Et une fois au sommet, adieu rez-de-chaussée.

Je constate que c'est Aristide qui est taxé de criminel. Pas du tout Cédras et Michel François qui l'avaient renversé par un coup d'État ayant fait des milliers de morts. Pas Namphy ou Avril voire Williams Régala qui ordonnait à l'armée de massacrer le peuple lors des manifestations de rue et qui sont responsables, tous trois, du massacre de la ruelle vaillant.

Je constate qu’Aristide est constamment dans le Champ visuel de la presse qui l'accuse de ne pas faire d'Haïti un paradis. Pas les Duvalier qui ont dirigé pendant 30 ans, pas Martelly qui disposait de 3 milliards de dollars du fond Petro-Caribe et qui n'ont pas connu de coups d'État ni affronté le racisme international et encore moins la rigidité impériale des puissances régionales qui ont toujours misé sur l'interventionnisme pour casser les élans de gauche.

Je constate qu'Aristide a tort et toujours tort parce qu'il refuse de brader la République. Pourtant, ses détracteurs viennent de composer avec un certain Moïse JC qui dénonce l'impérialisme et qui réclame le départ de la Minustah. Aporie, n'est-ce-pas? 

Comme toujours, Aristide a toujours tort, et comme de fait avait tort d'exiger la restitution de la dette de la part de la France rentière. Il a été rageusement combattu par les alliés locaux de la France pour avoir osé s'attaquer à l'ancienne puissance coloniale. Et pourtant, ceux-là qui étaient contre cette idée se font aujourd’hui les supporteurs d'un certain Moïse JC qui voudrait aller dans la même direction. Aporie, n'est-ce-pas?

Qu'est-ce qu'il en est au fond? Pourquoi tant de haine d'un coté et tant d'amour de l'autre?

Ce sont les origines de l'ancien prêtre qui le coince. La couleur de sa peau. Pas son discours. Cédras a la peau Claire. Il n'est pas criminel... Martelly a la peau Claire. Il n'est pas un voleur. Aristide n'a pas droit à l'ancienne résidence d'Antoine Izemery.. mais Martelly peut se construire une maison balnéaire pour 10 millions de dollars US.

Le préjugé a toujours dominé ce pays. Et ce n'est pas demain que le syndrome du larbin sera éradiqué en Haïti. 


La diabolisation d'Aristide a fait sa route. Et crois moi, elle débouchera sur une guerre larvée si on n'en fait pas grandement attention. La campagne électorale actuelle en est bien révélatrice.

Il suffit de suivre le comportement des medias locaux et la réaction bourrée d'hypocrisie de la classe politique par rapport au malaise de l'ancien président Aristide pour cerner le niveau de notre nanisme politique et intellectuel. Nou led mesye dame.

Guerby Dujour.

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