jeudi 24 mars 2016

Des partis politiques de l'opposition et des organisations de la société civile écrivent au Président Privert.


Le Président Jocelerme Privert
Port au Prince,  le 22 Mars 2016

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT PROVISOIRE DE FACTO, MONSIEUR JOCELERME PRIVERT

Monsieur le PRESIDENT 

Nous, dirigeants des partis politiques de l'opposition démocratiques et des organisations de la société civile, nous voudrions, par la communication de cette correspondance, vous faire part de notre inquiétude grandissante au regard du pourrissement de la situation politique, tant que les problèmes de fond ne sont pas abordés, la crise gagnera en intensité et prendra des  proportions de plus en plus   alarmantes. 

Quand vous êtes rentré tête baissée dans une dynamique de pouvoir provisoire à un moment où la situation économique et financière du pays est dramatique, il est  évident que les évènements qui vont suivre seront les mêmes qui ont jalonné  de tout temps l’histoire nationale.

Par ailleurs, la dégradation de notre environnement, couplée à une sécheresse dévastatrice met à genoux notre agriculture et pas moins de 3 millions et demi de nos concitoyens sont aujourd’hui en état de famine, comme vous l’avez souligné vous-même. Et enfin l’insécurité ne cesse de miner la confiance du citoyen dans un Etat incapable d’assumer ses responsabilités

Face à cette situation, il importe maintenant de poser les bonnes questions si on veut trouver les bonnes réponses.  Si entre haïtiens nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur la définition du problème engendré par cette crise postélectorale, il est peu probable que nous arrivions à trouver ensemble les solutions appropriées.  Albert Einstein avait raison de dire qu’un problème sans solution est un problème mal posé.

Vous prétendez rester dans un accord de 120 jours construit sur beaucoup de désaccords et vous savez pertinemment que vous êtes incapable de respecter ce que vous-même vous avez engendré. Nous ne voulons rien vous apprendre, les élections de 2015 ont été qualifiées de farce électorale, de mascarade électorale, de coup d’état électoral par les acteurs politiques qui en ont été les victimes directs, comment espérer poursuivre les élections dans l’état actuel de la situation ? 

Haïti a-t-elle besoin d’une démocratie moderne et d’un état de droit pour sortir de son marasme, et peut-on construire cette démocratie et cet état de droit sur les bases pourries d’élections frauduleuses à répétition ?  Sur du bluff, du dictat permanent d’une certaine partie de la communauté internationale ? 

Nous faisons le malheureux constat qu’il y a deux catégories de citoyens : d’une part ceux qui préfèrent accepter la poursuite des élections frauduleuses, qui font semblant de croire que l’on peut construire une démocratie sur la fraude et qui sont prêts à remettre les destinées du pays aux  tricheurs et d’autre part ceux qui par leur détermination  ont refusé de donner leur accord dans la mise en place de ce gouvernement provisoire qui ne peut en rien empêcher un accommodement une fois de plus susceptible de faire perdurer la crise  et laisser le pays au bord d’une lutte fratricide de survie.

Le clivage politique n’est pas entre ceux qui veulent garder les résultats frauduleux des dernières élections quel qu’en soit le prix pour la nation et ceux qui veulent absolument d’une transition démocratique.  Elle se situe entre ceux qui sont prêts à accepter une démocratie au rabais et ceux qui plus exigeants, soupirent après une démocratie normale.  Dans l’état actuel des choses un dialogue entre les forces vives de la nation pour une vraie transition reste la seule voie raisonnable.

Ce qui se fait présentement s’apparente à une fuite en avant de votre part et  fait courir au pays des risques considérables de dérapages et d’affrontements inutiles, parce qu’au bout du compte la manœuvre va échouer et tout cela finira autour d’une table de négociation.  Il est inutile et contreproductif d’aller dans cette direction.  Il est impératif et urgent de marquer une pause et de prendre le temps de la réflexion et de la recherche d’un consensus suffisant autour d’une solution durable de sortie de crise.

Il faut absolument éviter d’attendre le 24 avril, date que vous avez proposée pour la tenue d’un «  2e tour » hypothétique,  pour discuter de la bonne formule pour une transition apaisée et réussie, porteuse d’un véritable changement.  Il est possible de transformer cette crise politique postélectorale en une opportunité unique  pour les fondements d’une Haïti nouvelle.

Au plus vite, Monsieur le Président Provisoire, les partis signataires souhaitent que vous compreniez la portée de leur démarche en  vous invitant à engager des pourparlers avec le G-8, G-30, des partis politiques : PHTK, Fanmi Lavalas, Fusion des Sociaux-Démocrates, Kontra Pep La, Respè, Veye Yo , DFDR, Canaan, et les autres organisations de l'opposition démocratique pour leur exposer la situation  dans toute sa complexité et voir avec eux , comment on peut parvenir à retourner à l’ordre Constitutionnel et ce,  dans l’intérêt du pays.

Ce faisant, Monsieur Jocelerme Privert,  non seulement vous feriez œuvre qui vaille mais vous apporteriez une précieuse pierre dans la résolution de la crise.

Espérant que vous comprendrez le souci que nous nous faisons pour l'avenir de notre pays.

Veuillez   agréer,  Monsieur le Président Provisoire, l'expression de nos patriotiques salutations.

FUSION
VEYE YO
MONHA
CANAAN
DFDR
KONFYANS
PKN
MDPRH
PATI POLITIK PEYIZAN
CONAPPH
UDELH
MOAC
AJARH
RANFOPEP
COLLECTIF PETION-VILLE
UMPROP
FOLAS
MGB
JJDCB
MOJHAD
GAD
SOLEIL EN ACTION
3EME INI
ANBAKE
SAACHAD
KLPC
FNCLD
TPF
RFG
MOCEE
REZISTANS



Aucun commentaire:

Publier un commentaire